CHRONIQUE #93 | ℛenversante

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𝓖𝑒𝓃𝓇𝑒 : Jeunesse

𝓣𝒾𝓉𝓇𝑒 : Renversante

𝓐𝓊𝓉𝑒𝓊𝓇 : Florence Hinckel

𝓔𝒹𝒾𝓉𝒾𝑜𝓃 𝑒𝓉 𝓟𝒶𝓇𝓊𝓉𝒾𝑜𝓃 : L’École des Loisirs (2019)

𝓝𝑜𝓂𝒷𝓇𝑒 𝒹𝑒 𝓅𝒶𝑔𝑒𝓈 : 93 pages

ℛ𝑒́𝓈𝓊𝓂𝑒́ : Tout va bien pour Léa ! À l’école, elle aime jouer au foot dans la cour avec ses amies. Elle est naturellement douée en maths, comme le sont souvent les filles. Elle sait déjà qu’elle est promise à une brillante carrière, de chirurgienne, huissière ou, pourquoi pas, ministresse ! Quel que soit son choix, elle n’aura pas à s’occuper de ses enfants, puisque c’est leur père qui s’en chargera. Les hommes sont naturellement faits pour ça, non ? « C’est comme ça ! On n’y peut rien ! » a tendance à penser Léa. Mais son père et son frère, Tom, vont la pousser à remettre en question l’ordre établi…

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𝒰n court roman jeunesse très percutant, qui permet, pour ceux qui ne seraient pas déjà au courant, de voir la folie de notre société patriarcale, en inversant les forces. Lisez-le, faites-le lire à vos enfants et propagez-le.

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𝒥’estime que ce livre devrait être lu de tous, c’est une question d’intérêt public. Les femmes, afin de toujours continuer la lutte, et pour certaines, se rendre compte que le féminisme n’est pas une option, mais un devoir. Les hommes, pour saisir la gravité de notre situation. Et surtout, les enfants. Car ils ont le pouvoir de renverser la tendance dans le futur si les jeunes garçons prennent conscience de cette violence. Le roman présente une société matriarcale où les situations actuelles sont inversées. Nous ne demandons pas ça, ça ne sert à rien de reproduire la même chose dans l’autre sens (même si un ou deux siècles de matriarcat ne suffiraient pas à rattraper ce que les hommes ont fait subir aux femmes depuis la nuit des temps). Nous demandons l’égalité des sexes, pas uniquement dans les paroles, mais aussi dans les actes. C’est dénoncé avec douceur, car par le biais d’une enfant, et ce n’en est que plus saisissant, la caricature étant évitée.


𝒥’ai trouvé ce court roman très percutant, bien documenté et extrêmement courageux. Tout dans ce récit démontre l’absurdité et l’injustice du patriarcat. Ici, ce sont les femmes qui ont les noms de rue, le féminin l’emporte sur le masculin, le poète n’existe pas, c’est depuis toujours une poétesse car ce sont les femmes qui ont les métiers importants et reconnus. Si en tant qu’homme, vous vous insurgez à la lecture de ce livre parce que tout est automatiquement au féminin, dites-vous bien que pour nous, c’est quotidien. Le rôle des hommes est de s’occuper des enfants à la maison, et de supporter leurs femmes dans leur travail pour qu’elle puisse s’épanouir. Même en tant que féministe, on se rend compte à quel point tout dans notre vie, dépend du patriarcat, c’est vraiment puissant et intéressant. Les règles sont une célébration, car cela indique le passage de fille à femme, ce n’est pas considéré comme dégoûtant, et les garçons en sont jaloux.


𝒞’est le père de la jeune Léa, qui est l’équivalent aujourd’hui d’une féministe dans l’autre sens, qui s’insurge contre le sexisme envers les hommes dans cette société, car rappelons-le, dans la nôtre, il n’existe pas. Sa femme comprend tout à fait et le soutient, bien qu’elle trouve parfois qu’il est trop extrême. Il demande à sa fille de réfléchir au sujet de ce problème et d’observer pour trouver des exemples. On voit donc la jeune fille se poser des questions et se rendre compte qu’il y a quelque chose d’anormal, surtout que son frère est sans cesse ennuyé par le simple fait de son sexe. Elle se pose ainsi comme une alliée à la cause que défendent les hommes, comme certains hommes le font aujourd’hui. Mais trop peu se rendent compte de la gravité de ce que les femmes subissent au quotidien, et je pense que ce petit livre, qui parait très jeunesse et simple, pourrait grandement changer les points de vue de chacun ! En tant que femme, c’est à la fois assez drôle parce qu’on transpose les hommes à notre situation et qu’on s’y reconnait forcément lors de la lecture mais c’est surtout désastreux de saisir l’ampleur du désastre par ce biais.

coup de coeur

4 commentaires sur « CHRONIQUE #93 | ℛenversante »

  1. Je note le roman sans hésiter ! Je trouve génial d’aborder le thème du féminisme et du patriarcat dans un roman jeunesse d’autant que cela a l’air d’être fait avec efficacité et pédagogie. Et cette idée de dénoncer, à travers l’exemple et en inversant les rôles, est pleine d’intelligence, a fortiori pour les hommes qui ne se rendent pas compte de ce que c’est d’être une femme au quotidien…

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